Encore,
avril 2013, « Sage révolution muséale », Renzo Stroscio
Le
supplément au Matin Dimanche du 14 avril 2013 nous présente cinq
projets de musées helvétiques, qu'il me semble intéressant de
brièvement commenter.
L'auteur
commence par les « bâtis bling-bling » qui souvent sont
de mise hors de nos frontières. Je ne suis pas, loin s'en faut, fan
du « bling-bling », mais peut-être que la Suisse en
aurait bien besoin un minimum, pour insuffler un peu de fantaisie
dans ses « sages révolutions »...
Le mot
d'ordre est donné d'emblée : « motto « épuré et
fonctionnel » ». Après presque 100 ans de ravages
architecturaux et urbanistiques désolants, l'héritage du Corbusier
est toujours proposé au lecteur comme le meilleur du modernisme,
dont les « détails sobres, sans fantaisie » sont le
« comble de l'élégance ». Depuis quand le manque de
fantaisie est-il un gage de qualité et d'élégance ? Sans
parler de ce fonctionnalisme imbécile et réducteur dont l'indigence
a été prouvée à maintes reprises.
Pour
l'extension du Kunsthaus à Zürich, on nous parle d'un « nouvel
équilibre entre l'ancien et le nouveau », mais sans dire un
mot des bâtiments anciens qui seront allègrement démolis pour
permettre au nouveau projet de voir le jour. Étrange équilibre basé
sur la destruction du passé, que l'on nous dit en plus
« (s'intégrer) de manière optimale dans le tissu urbain »
et « cohabiter en douceur ». En quoi une architecture
dont l'esthétique est une négation absolue de tout ce qui l'entoure
peut-elle être considérée comme « intégrée » ?
Et en quoi la violence imposée à l'environnement bâti peut-elle
être associée à de la « douceur » ? Que l'on aime
ou pas ce genre de bâtiments est un problème, mais que cesse enfin
l'imposture ! Que les thuriféraires de ce genre de
constructions admettent, assument et revendiquent une fois pour
toutes le fait qu'elles sont basées sur une négation absolue de
tout le vocabulaire architectural traditionnel sans invoquer cet
argument fallacieux et mensonger d'intégration !
Le
problème est le même à Lausanne. Le projet « moderne et
audacieux » (mais quelle est donc cette audace ? J'en ai
déjà parlé sur ce blog...) a paraît-il reçu « une olà
majestueuse du jury ». De ce que j'en sais, les choses sont
loin d'être aussi simples... mais passons là-dessus. On apprend
ensuite que la nouvelle structure « gardera quelques détails
d'antan. Deux nefs et une verrière « sauvées » (ici
j'apprécie les guillemets) de l'ancien bâtiment des locomotives
retrouveront les fastes du passé après une scrupuleuse restauration
et seront intégrées au nouvel ensemble ». Ici l'on se
retrouve face à la politique lausannoise actuellement en vogue qui,
au delà de tous les recensements architecturaux possibles, consiste
à considérer que la préservation d'un élément, aussi petit
soit-il (morceau de cage d'escaliers, morceau de façade ou autre),
suffit, si on le considère comme un symbole ou un infime rappel
iconique de ce qu'on s'apprête à détruire, à perpétuer la
mémoire du lieu. Et fi de ce qu'on démolit ! L'honneur est
sauf ! Les « fastes du passé » ne sont en fait plus
que de petites pièces de musée, et au temps pour « la
scrupuleuse restauration » !
Que dire
encore du « monolithe » prévu à Coire pour 2016, et de
l'acoquinement de Genève avec Jean Nouvel, justement nommé « star »
de cette nouvelle architecture ?
« Pureté
des lignes, économie des formes, les Suisses ne goûtent pas à
l'extravagance. Les bâtiments se fondent dans le paysage urbain.
(...) C'est aussi ça le renouvellement des villes ! » :
Tristesse et indigence ; imposture et utopies dangereuses !
J'espère que la Suisse a autre chose à nous proposer pour son
avenir !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire