La
densification et ses pelleteuses encore à l’œuvre à Lausanne...
La
politique municipale de démolitions systématiques continue son
œuvre à Lausanne.
Le
24 heures du 3 avril nous décrit la démolition du Petit Ruisseau,
qui, suivant d'autres démolitions, annonce le rehaussement prévu
dans le même quartier de 13 immeubles, ainsi que la destruction de
la maison des Lauriers. Les 127 signataires qui tentaient de sauver
le Petit Ruisseau n'ont rien pu faire, de même que les 771
signataires en faveur de la maison des Lauriers, dont l'opposition
vient d'être levée par la municipalité. Cette municipalité qui
insiste avant tout, pour se justifier, sur la légalité et la conformité
des ces destructions avec le Plan général d'affectation et la loi
cantonale.
Quand
donc la municipalité comprendra-t-elle que ces questions relèvent
d'un problème qui va bien au delà de ces questions juridiques ?
Il est
clair que si le débat ne quitte pas ce domaine, toutes les
oppositions possibles resteront inutiles, et ne pourront au mieux que
repousser les débuts des travaux, dès lors que tous les plans
d'affectation auront été élaborés pour faciliter leur exécution.
Ce problème relève d'un débat d'une bien plus grande ampleur.
De
plus, les maigres possibilités légales qui restent aux opposants, à
savoir les notes de recensement, ne valent hélas absolument rien de
nos jours. L'exemple des Lauriers est emblématique : le chef du
Service de l'urbanisme nous le dit : « La note de
recensement du Café des Lauriers est de 4, qui désigne des
bâtiments bien intégrés, que l'on conserve habituellement, mais
qui dans certains cas peuvent tout de même être démolis 1».
C'est le même argument qui avait été évoqué pour justifier la
démolition du bâtiment de Francis Isoz à l'Avenue de la Gare : "certes, habituellement on se devrait de conserver ces bâtiments qui
témoignent d'un certain héritage architectural, d'un style et
d'une époque, voire de tout un quartier, mais si l'on en détruit,
ponctuellement, un ou deux, le dommage est moindre" (je simplifie...). Or
le problème est que ce florilège de cas particuliers dont la
démolition se justifie par son caractère exceptionnel est devenue
une règle. Au nom de ces exceptions prévues, on en vient à
justifier une généralisation des démolitions !
L'autre
argument principal, relayé par l'architecte cantonal, consiste à
déplorer et condamner dans un premier temps le « mitage du
territoire » induit par la volonté de préserver le paysage, pour ensuite justifier une densification urbaine outrancière.
Ainsi, pour préserver le paysage rural, le paysage urbain doit-il à
son tour être défiguré. Les arguments esthétiques en faveur de la
préservation du paysage de nos campagnes ne valent-ils donc plus rien
dès lors que l'on parle de paysage urbain ?
Il
s'agit peut-être de dépasser cette opposition simpliste. Quand donc
comprendrons-nous que le problème ne réside pas dans ce combat
insoluble entre ville et campagne, mais bien dans l'explosion
démographique démentielle qu'à la fois villes et campagnes
subissent ? Cette croissance que tout le monde s'accorde à
louer, encourager et magnifier de façon inconsciente, il s'agirait
peut-être de la remettre en question ? Pour justifier les
ravages urbanistiques qu'il défend, Monsieur Olivier Français nous
rappelle que les autorités de la Ville ont « la responsabilité
de participer au développement de la société ». Mais quelle
société ? Ici une réflexion écologique intelligente
serait nécessaire, non celle des technocrates adeptes aveugles du
standard Minergie comme seul horizon valable, mais de visionnaires
tels qu'un Luc Schuiten par exemple...
1voir
Le Temps
du 6 août 2011
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