mardi 6 octobre 2015

Pôle muséal; histoire de vides, nouvel acte

Présentation hier du résultat du concours d'architecture du deuxième volet du Pôle muséal.
Si l'on s'en tient à un point de vue strictement fonctionnel, ce projet apportera sans aucun doute de nouvelles possibilités fort appréciables (facilités techniques, plus de surfaces d'exposition et de dépôt, etc.). Mais d'autres lieux et d'autres options auraient également pu le faire (rappelons qu'un groupe d'experts avait été mandaté pour désigner le lieu le plus propice à accueillir ces transformations, et que le résultat de cette étude avait été délibérément ignoré).
D'un point de vue urbanistique (et ceci a été dit à maintes reprises, mais sans réponse honnête et cohérente de la part des instigateurs du projet Pôle muséal, il faut le répéter), l'idée d'implanter trois musées à cet endroit est une ineptie : la gare de Lausanne, aujourd'hui beaucoup trop à l'étroit, doit s'agrandir, et s'apprête pour cela à détruire un certain nombre de bâtiments estimables. Sans doute la croissance démographique exige-t-elle ces sacrifices, mais pourquoi alors entasser trois musées là où on manque déjà de place ? Et ce sans compter les dangers liés à la conservation d’œuvres d'art à proximité immédiate du trafic ferroviaire, ou sans compter encore le déplacement de la caserne des pompiers des CFF à Renens (car oui, si un accident survenait en gare de Lausanne, et qui mettait en danger les œuvres conservées à deux pas, les pompiers CFF, qui aujourd'hui sont situés à la gare, se trouveront désormais à plusieurs kilomètres, et ce justement parce que le Pôle muséal les aura contraints à partir....).
Venons-en maintenant au point de vue esthétique. Une fois encore, et merci une fois encore à 24Heures (dont je souligne à nouveau l'allégeance absolue aux décisions politiques, ainsi que l'absence totale de regard critique sur les projets proposés, ou imposés), l'esthétique est bêtement rabaissée à la question dite purement subjective du « c'est beau » ou « c'est pas beau ». Non, la question esthétique ne se résume pas à cela. Une esthétique (et là aussi je me répète, mais dans l'espoir d'être entendu) est porteuse de sens, elle véhicule une idéologie, une vision du monde, une âme. Lorsque que, dans son éditorial, et qui reflète parfaitement sa ligne directrice, 24Heures nous dit : « en matière de goûts, laissons pourtant chacun juger et ce double musée ne manquera pas d'alimenter quelques nouvelles polémiques chez les contestataires endurcis », il fait précisément cela : nous faire croire qu'un choix esthétique ne relève que des « goûts et des couleurs ». Or il n'en est rien.
Choisir un projet qui nous présente des infographies sans âme, lisses, d'une orthogonalité déprimante et sans aucune originalité, sans aspérité aucune, sans décoration, sans ornement, sans exubérance, cela nous dit beaucoup.
Vanter les mérites d'une « esthétique de la nouvelle pièce montée sur vide, monolithe joliment zébré de transparence », cela nous dit beaucoup.
Donner parole à des architectes qui parlent de « liaison entre deux espaces qui nous ont menés au vide », cela nous dit beaucoup.
Car enfin, une telle glorification du vide, si elle est certes un trait caractéristique du début de ce siècle, n'est-elle pas terriblement déprimante ?
Réduire enfin les arguments des opposants à ce que « des débats sur les charmants jardins de l’Élysée, les vieilles pierres de la Cité (pour le design!) et l' « historique » garage à locomotives expriment avant tout la délicieuse nostalgie de ceux qui les chérissent. » nous dit beaucoup. Outre la fate condescendance de l'auteur, on peut y rajouter une certaine dose de mauvaise foi : « Les institutions chargées de sa conservation et de sa présentation au public sont logées dans des demeures vétustes, non seulement inappropriées à le gestion des œuvres, mais aussi peu propices à l'organisation d'expositions ambitieuses. » Vétuste, Rumine ? Vétuste, le Musée de l’Élysée ? C'est un argument digne d'un promoteur immobilier menteur et d'une absolue mauvaise foi...


Lausanne, le 6 octobre 2015

mercredi 29 juillet 2015

Obsolescence non programmée...

Dans une interview accordée au 24Heures du 25-26 juillet, au sujet de l'efficacité énergétique des bâtiments anciens (entendez avant le miracle Minergie), Monsieur Brélaz nous dit que: "C'est une problématique qui concerne toute la planète et dans plusieurs domaines. Il existe une guerre entre l'ancienne économie et la nouvelle. En Suisse, les bâtiments anciens ont été construits pour durer. Il est donc difficile de les éliminer au profit de constructions moins gourmandes en énergie. En Asie, par exemple, où les habitations sont nettement moins solides, on n'a pas ce problème."

Dommage en effet que l'on ne puisse pas raser et "éliminer" facilement des quartiers anciens pour les remplacer par de nouveaux éco-quartiers immondes et artificiels. Tout comme il fut dommage que "Le Grand Paris" du Corbusier n'ait pu voir le jour? Et, à une ineptie près, dommage que nous n'ayons construit à Lausanne des bidonvilles que Monsieur Brélaz pourrait allègrement démolir pour les remplacer par sa vision de la ville future...

J'avoue ici une certaine mauvaise foi, mais motivée par l'habituelle et désormais sempiternelle condescendance de Monsieur Brélaz. Et j'avoue que lorsque ce Monsieur remettra sa syndicature, mon salon retentira des explosions des magnums de grands crus que je sabrerai...

vendredi 20 mars 2015

http://www.liberation.fr/livres/2015/03/18/le-corbusier-plus-facho-que-fada_1223411?utm_source=Facebook&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social

Ce qui m'intéresse ici, ce n'est pas tant la question de savoir si l'on peut dire Le Corbusier facho, quoi que ce terme puisse signifier vu son utilisation abusive et galvaudée, que ce genre de réflexions à retenir:


"Classement, hiérarchie, dignité sont pour lui des valeurs suprêmes. Inspirées par les vues aériennes, les perspectives qu'il trace réduisent les hommes à des silhouettes interchangeables. Champion de l'ordre, il affirme que "l'animal humain est comme l'abeille, un constructeur de cellules géométriques". La standardisation qu'il prône a d'abord une valeur morale, que vient souligner l'emploi systématique du blanc: "On fait propre chez soi. Puis on fait propre en soi."


Où l'on constate qu'en fait son opportunisme face aux systèmes totalitaires relève de façon plutôt cohérente de la philosophie qui nourrit son oeuvre et motive son esthétique. Relisons ses textes: ils sont les fruits d'un esprit malade et obsessionnel qui propose des univers concentrationnaires!