samedi 6 avril 2013

Densification et démolitions...


La densification et ses pelleteuses encore à l’œuvre à Lausanne...


La politique municipale de démolitions systématiques continue son œuvre à Lausanne.
Le 24 heures du 3 avril nous décrit la démolition du Petit Ruisseau, qui, suivant d'autres démolitions, annonce le rehaussement prévu dans le même quartier de 13 immeubles, ainsi que la destruction de la maison des Lauriers. Les 127 signataires qui tentaient de sauver le Petit Ruisseau n'ont rien pu faire, de même que les 771 signataires en faveur de la maison des Lauriers, dont l'opposition vient d'être levée par la municipalité. Cette municipalité qui insiste avant tout, pour se justifier, sur la légalité et la conformité des ces destructions avec le Plan général d'affectation et la loi cantonale.
Quand donc la municipalité comprendra-t-elle que ces questions relèvent d'un problème qui va bien au delà de ces questions juridiques ? Il est clair que si le débat ne quitte pas ce domaine, toutes les oppositions possibles resteront inutiles, et ne pourront au mieux que repousser les débuts des travaux, dès lors que tous les plans d'affectation auront été élaborés pour faciliter leur exécution. Ce problème relève d'un débat d'une bien plus grande ampleur.
De plus, les maigres possibilités légales qui restent aux opposants, à savoir les notes de recensement, ne valent hélas absolument rien de nos jours. L'exemple des Lauriers est emblématique : le chef du Service de l'urbanisme nous le dit : « La note de recensement du Café des Lauriers est de 4, qui désigne des bâtiments bien intégrés, que l'on conserve habituellement, mais qui dans certains cas peuvent tout de même être démolis 1». C'est le même argument qui avait été évoqué pour justifier la démolition du bâtiment de Francis Isoz à l'Avenue de la Gare : "certes, habituellement on se devrait de conserver ces bâtiments qui témoignent d'un certain héritage architectural, d'un style et d'une époque, voire de tout un quartier, mais si l'on en détruit, ponctuellement, un ou deux, le dommage est moindre" (je simplifie...). Or le problème est que ce florilège de cas particuliers dont la démolition se justifie par son caractère exceptionnel est devenue une règle. Au nom de ces exceptions prévues, on en vient à justifier une généralisation des démolitions !
L'autre argument principal, relayé par l'architecte cantonal, consiste à déplorer et condamner dans un premier temps le « mitage du territoire » induit par la volonté de préserver le paysage, pour ensuite justifier une densification urbaine outrancière. Ainsi, pour préserver le paysage rural, le paysage urbain doit-il à son tour être défiguré. Les arguments esthétiques en faveur de la préservation du paysage de nos campagnes ne valent-ils donc plus rien dès lors que l'on parle de paysage urbain ?
Il s'agit peut-être de dépasser cette opposition simpliste. Quand donc comprendrons-nous que le problème ne réside pas dans ce combat insoluble entre ville et campagne, mais bien dans l'explosion démographique démentielle qu'à la fois villes et campagnes subissent ? Cette croissance que tout le monde s'accorde à louer, encourager et magnifier de façon inconsciente, il s'agirait peut-être de la remettre en question ? Pour justifier les ravages urbanistiques qu'il défend, Monsieur Olivier Français nous rappelle que les autorités de la Ville ont « la responsabilité de participer au développement de la société ». Mais quelle société ? Ici une réflexion écologique intelligente serait nécessaire, non celle des technocrates adeptes aveugles du standard Minergie comme seul horizon valable, mais de visionnaires tels qu'un Luc Schuiten par exemple...

1voir Le Temps du 6 août 2011

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