dimanche 6 janvier 2013

Manifeste bleu, une fois encore..

Je me répète, mais tant que nos autorités ne nous répondront pas, je réitère:


MANIFESTE BLEU

(De l’urbanisme à Lausanne)



Contre l’hygiénisme et la rationalité puants hérités de l’esprit protestant, mesquin et punitif du Corbusier.
Contre la pensée en série et l’uniformité stériles.
Contre l’asepsie généralisée.
Contre l’ascétisme esthétique et économique.
Contre l’utile et le fonctionnel.
Contre les démolitions abusives.
Contre la densification à outrance.

***

Nous exigeons de replacer au pouvoir la folie et l’imagination créatrices dont dépend notre survie.
Place au tumulte, aux volutes, aux arabesques, aux couleurs, aux courbes et aux excroissances !
Que les agencements des désirs humains phagocytent les obsessions rationnelles des architectes mercenaires de l’immobilier capitaliste,
Pour qu’enfin la réalité s’ajuste aux fantasmes !

Pour un nouveau Surréalisme...



BLUES LAUSANNOIS...


Lettre ouverte aux autorités lausannoises et cantonales, décideurs du projet « Plate-forme Pôle muséal »

Jusqu’au 24 septembre 2012 était mis à l’enquête le plan d’affectation cantonal de la « Plate-forme Pôle muséal ». Les oppositions ont éte balayées en un temps record, sans dialogue ou tentative de conciliation aucune, dans un parfait exercice de pouvoir autocratique.
Dès que ce projet fut présenté, on érigea, comme depuis trop souvent à Lausanne,, le minimalisme en dogme de la pensée architecturale et urbanistique. Dans un éditorial du 24Heures, le rédacteur en chef Thierry Meyer évoquait dans ce choix une « intelligence [...] bien vaudoise, [...] d’une rationalité élégante, d’une audace qui préfère la simplicité à l’esbroufe. » Mais qu’était-ce donc que cette intelligence vaudoise, qui se réfugie dans le pur rationnel, le lisse, le soigné, le conforme, et qui apparemment n’ose plus flirter avec l’exubérance, la fantaisie et le rêve, ne nous offrant plus que surfaces stériles, volumes simplistes, autels voués à l’orthogonalisme (corollaire de la pensée droite) le plus déprimant et le plus fade ? Etait-ce donc là toute « l’audace » vaudoise ? Qui ne propose plus au citoyen que de déprimantes infographies grises et cubiques (ou parallélépipédiques) en guise de visions d’avenir ? Le précédent projet de musée à Bellerive avait pourtant clairement été rejeté, entre autres, pour son aspect bunker et boîte à chaussures...
De gustibus et coloribus non disputandum me répondra-t-on, encore et toujours... Toutefois, en une attitude pathologiquement psychorigide, et, peut-être, par un souci de gloriole testimoniale, nos autorités s’obstinent.
Passons au rapport au passé. Le projet retenu par notre audacieuse élite dirigeante oublie avec une légèreté inqualifiable que le cahier des charges stipulait que la halle aux locomotives devait être préservée autant que possible. Mais qu’importe la plus petite considération pour le moindre héritage architectural face au credo tristement utilitariste de la densification à outrance qui gangrène peu à peu tout Lausanne ? Car tout bâtiment, à moins d’avoir la chance d’être surclassé et surprotégé, n’est plus envisagé avec condescendance que comme un « témoin sympathique du patrimoine régional », dont on se débarrasse allégrement et sans la moindre compassion. Pour preuve le bâtiment de Francis Isoz, anciennement rue de la Gare 39, que nos autorités ont lamentablement livré aux pelleteuses de l’empire Edipresse, qui désirait depuis longtemps se débarrasser d’un témoignage de l’architecture du début du 20ème siècle qui ne s’accordait plus avec ses visions d’avenir. Lausanne a clairement amorcé une politique ouverte de démolition. J’en veux pour autre preuve la prochaine destruction programmée du Lausanne Guesthouse, abandonné à la politique d’expansion de la gare CFF, qui certes souffre d’engorgement et d’une explosion démographique qu’il serait peut-être bon de cesser d’encourager (mais ceci est un autre débat), et prétend que la seule solution à cette inévitable expansion est de raser nombre d’immeubles admirables du siècle passé. Les architectes-démolisseurs nous disent leur « obsession de l’intégration à la ville ». J’attends encore que l’on m’explique en quoi leurs surfaces stériles s’intègrent, ou même s’accordent, avec leur environnement bâti (à moins bien sûr que la négation de toutes les caractéristiques architecturales qui les entourent ne soit une nouvelle définition de l’intégration... Elle semble en tout cas une définition de l’urbanisme contemporain à Lausanne : son architecture est un manifeste nihiliste du vide et de la platitude absolue, une négation de tout héritage architectural et patrimonial).
De plus, quelle est la logique urbanistique qui amène à concentrer à la gare les principaux musées lausannois ? Alors que touristes et amateurs d’art pourraient visiter ces musées en parcourant tout Lausanne (tout d’abord l’Elysée, puis Rumine en son centre, et enfin le MUDAC qui les amènerait à parcourir la vieille ville), participant ainsi pleinement et véritablement au dynamisme voulu par les autorités, on les concentre et les confine autour de la gare.
Enfin, ce pseudo concept de « Projet plate-forme pôle muséal » fait méchamment penser à un genre de centre commercial de la culture, où tout est à portée de main, à proximité de la gare, qui elle aussi vise au commercial avant tout. Et on sait depuis la reconfiguration du Flon que nos autorités apprécient, et pire encore, vantent le fait que « le cœur de Lausanne tend à devenir un grand centre commercial à ciel ouvert ». Perspective hautement réjouissante, donc....

Je finirai par demander à nos autorités, alors que, par exemple, Monsieur Michel Thévoz, ancien conservateur du Musée de l’Art brut et professeur d’histoire de l’art à l’université de Lausanne, avait démontré que le Palais de Rumine est, et pourrait rester, le lieu idéal du Musée cantonal des Beaux-Arts (et nous sommes nombreux à l’appuyer en ce sens), pourquoi elles ont sciemment ignoré et passé outre ses excellentes compétences en muséologie, et pourquoi elles s’obstinent à vouloir créer un nouveau musée, alors que celui-ci existe déjà, et pourrait être amélioré et sublimé à moindres frais ?



Richard Tanniger

Lausanne, janvier 2013












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