A l’attention de Madame Béatrice Métraux, Conseillère d’Etat,
Cheffe du Département de l’intérieur, Château cantonal, 1014 Lausanne
Madame,
Relativement à la décision de lever les oppositions
faites au projet de « Plate-forme Pôle muséal »,
je voudrais vous faire part des arguments suivants :
Sur l’architecture :
Vous dites avoir constaté que les principaux motifs de
refus du projet de Bellerive étaient le lieu, les coûts, et l’architecture. Le
lieu a donc changé, mais nous y reviendrons, de même que sur les coûts.
Toutefois, quels enseignements avez-vous tiré du dernier point ? Le projet
de Bellerive avait été clairement rejeté en raison de sa silhouette générale,
que nombre de vos électeurs comparaient à un bunker. En quoi votre nouveau
projet diffère-t-il du premier ? A nouveau, nous sommes face à une
construction simplement parallélépipédique, un volume simpliste, un autel dédié
à l’orthogonalisme le plus déprimant et le plus fade, bref, une triste façade lisse
de grisaille aseptisée. Quelles sont donc les raisons qui vous poussent à ne
pas tenir compte des critiques émises par un si grand nombre ?
Sur la destruction d’un monument historique :
Vous reconnaissez « la valeur patrimoniale non
négligeable » du dépôt de locomotives, mais vous la négligez tout de même !
En affirmant que « cependant il ne s’agit pas d’une condition absolue »,
le jury nous dit que « la prise en compte de l’implantation des halles qui
obstruent le site dans la relation Est/Ouest et le jugement de leur
inadaptation à l’accueil des espaces muséaux excluent donc leur conservation
matérielle. Les auteurs proposent alors de mettre en valeur quelques éléments
précis pour conserver l’héritage du passé sur le plan symbolique et émotionnel. »
Comprenons donc que, si l’on ne conserve que quelques pièces anecdotiques, que
l’on range dans un musée (et ceci a bien eu lieu pour le bâtiment de Francis
Isoz détruit récemment), l’honneur est sauf ! Tel est donc le message que
vous faites passer : Détruisez tout ce que vous voulez, pour autant que
vous conserviez ne serait-ce qu’une simple brique que l’on considérera comme un
témoin de l’esprit du lieu que vous avez violé, voire totalement rayé du
territoire ! L’argument d’un rappel symbolique quelconque vous tiendra
lieu de passe-droit ! Pire encore, vous considérez que « la
proposition cohérente et courageuse de ne conserver que des fragments des
halles ne peut s’apprécier qu’en regard de la qualité de l’espace public
proposé et de l’adéquation du volume simple et abstrait destiné au musée. »
Ainsi la destruction de monuments classés est-elle assimilée à du courage, pour
autant qu’elle conserve un fragment, aussi infime soit-il, de ce qui a été
détruit ! Comment osez-vous assimiler votre politique de démolition
programmée à du courage ?
« Le jury a acquis la conviction que la mise en
valeur de l’esprit du lieu était plus importante qu’une stricte préservation du
patrimoine lié à la halle de 1911 » : Voici balayés d’une phrase tous
les recensements et classements architecturaux possibles ! Au point où
nous en sommes, rasons la cathédrale, qui ne sert plus guère, pour n’en
conserver qu’une gargouille et une croix à déposer au Musée historique ! L’argument
pourrait sembler simpliste et populiste, mais je sais de source sûre que
certains personnages haut placés dans la conservation dite officielle des
monuments ne sont pas loin de vouloir défendre de tels crimes !
Pour terminer, citons ce passage de votre argumentaire
relatif au choix du site :
« Le site de la Riponne présente d’évidentes
qualités qui ressortent en particulier du rapport du Groupe cantonal d’évaluation
des sites. Mais ce rapport – qui classe en deuxième position le site de la gare
– n’a la portée que d’un préavis, le
choix final appartenant au Conseil d’Etat. »
Peu importe l’évidence donc ! Peu importe quelque
rapport que ce soit, du moment que le Conseil d’Etat peut les balayer d’un
revers de la main !!
J’espère obtenir des réponses.
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