L'on me répond "qu'après une lecture attentive, j'ai pris bonne note de vos remarques et arguments, portant pour la plupart sur le choix du site, l'architecture du projet de futur Musée cantonal des Beaux-Arts et la valeur patrimoniale des halles aux locomotives." Et que "le traitement par l'Etat de Vaud de ces points a été largement diffusé, et ceci depuis le début de la procédure. Dès lors, je vous invite à parcourir le site internet www.polemuseal.ch, sur lequel figurent les documents se rapportant à vos questions."
Je m'interroge... Ma lettre posait des questions basées sur:
- Les informations communiquées à la presse
- Les informations communiquées sur le site internet www.polemuseal.ch
- et surtout sur les arguments énoncés dans la réponse de Madame Métraux aux oppositions au projet.
En guise de réponse, on me renvoie au site internet qui constitue justement une des sources de mes questions!
Dois-je considérer ce genre de cercle non-argumentatif comme une façon de désamorcer ou de dénigrer mes remarques, ou est-ce une incompréhension de la part de mes interlocuteurs?
De plus, l'essentiel de mes questions portait sur la conception absolument effrayante du rapport à notre héritage architectural et historique qui sous-tendait la réponse officielle et juridique que Madame Métraux faisait au sujet de la question des démolitions et destructions des bâtiments anciens et classés: les réponses à ces questions n'apparaissent ni sur le site officiel, ni dans la réponse que l'on me fait!
Pour rappel, je demandais, entre autres:
Sur
la destruction d’un monument historique :
Vous
reconnaissez « la valeur patrimoniale non négligeable »
du dépôt de locomotives, mais vous la négligez tout de même !
En affirmant que « cependant il ne s’agit pas d’une
condition absolue », le jury nous dit que « la prise en
compte de l’implantation des halles qui obstruent le site dans la
relation Est/Ouest et le jugement de leur inadaptation à l’accueil
des espaces muséaux excluent donc leur conservation matérielle. Les
auteurs proposent alors de mettre en valeur quelques éléments
précis pour conserver l’héritage du passé sur le plan symbolique
et émotionnel. » Comprenons donc que, si l’on ne conserve
que quelques pièces anecdotiques, que l’on range dans un musée
(et ceci a bien eu lieu pour le bâtiment de Francis Isoz détruit
récemment), l’honneur est sauf ! Tel est donc le message que
vous faites passer : Détruisez tout ce que vous voulez, pour
autant que vous conserviez ne serait-ce qu’une simple brique que
l’on considérera comme un témoin de l’esprit du lieu que vous
avez violé, voire totalement rayé du territoire ! L’argument
d’un rappel symbolique quelconque vous tiendra lieu de
passe-droit ! Pire encore, vous considérez que « la
proposition cohérente et courageuse de ne conserver que des
fragments des halles ne peut s’apprécier qu’en regard de la
qualité de l’espace public proposé et de l’adéquation du
volume simple et abstrait destiné au musée. » Ainsi la
destruction de monuments classés est-elle assimilée à du courage,
pour autant qu’elle conserve un fragment, aussi infime soit-il, de
ce qui a été détruit ! Comment osez-vous assimiler votre
politique de démolition programmée à du courage ?
« Le
jury a acquis la conviction que la mise en valeur de l’esprit du
lieu était plus importante qu’une stricte préservation du
patrimoine lié à la halle de 1911 » : Voici balayés
d’une phrase tous les recensements et classements architecturaux
possibles ! Au point où nous en sommes, rasons la cathédrale,
qui ne sert plus guère, pour n’en conserver qu’une gargouille et
une croix à déposer au Musée historique ! L’argument
pourrait sembler simpliste et populiste, mais je sais de source sûre
que certains personnages haut placés dans la conservation dite
officielle des monuments ne sont pas loin de vouloir défendre de
tels crimes !
Pour
terminer, citons ce passage de votre argumentaire relatif au choix du
site :
« Le
site de la Riponne présente d’évidentes qualités qui ressortent
en particulier du rapport du Groupe cantonal d’évaluation des
sites. Mais ce rapport – qui classe en deuxième position le site
de la gare – n’a la portée que d’un préavis, le choix final
appartenant au Conseil d’Etat. »
Peu
importe l’évidence donc ! Peu importe quelque rapport que ce
soit, du moment que le Conseil d’Etat peut les balayer d’un
revers de la main !!
J'aimerais que l'on me réponde franchement sur ces questions essentielles du rapport officiel au patrimoine bâti!
Lausanne, le 29 mars 2013
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