Chère
Madame,
Enseignant
spécialisé en institution à Lausanne, je constate que, depuis votre entrée en
fonction, vous visitez un grand nombre d’établissements, vous prenez la
température de ce qui s’y passe, et consacrez du temps à y répondre. C’est une
excellente chose, et je vous en remercie.
Dans
cette optique de renouvellement et de réflexions innovantes, j’aimerais
apporter ma pierre à l’édifice des chantiers que vous envisagez de mettre en
place. Car il me semble qu’il y a encore un grand absent, et néanmoins point
central de tout ce travail : la question de l’architecture scolaire.
En
effet, depuis quelques années, les bâtiments scolaires se voient soumis à une
esthétique et une architecture pour le moins uniformes, et qui ne sont pas sans
poser un certains nombres de problèmes. La question mériterait à elle seule
moults études et angles d’approche. Je me contenterais ici d’un seul exemple :
Une
récente étude, relayée dans la presse locale (cf. 24Heures du 5 mars 2019), constatait que la qualité de l’air était
insuffisante dans deux tiers des classes en Suisse. La conclusion globale, et
qui semble simplement relever du bon sens, incitait les usagers à ouvrir les
fenêtres et aérer les classes. Dans cette idée, l’OFSP proposait également en
ligne un simulateur d’aération, pour permettre d’évaluer la qualité de l’air de
nos classes selon le nombre d’élèves et la taille de la classe. Mais ce simulateur,
tout comme les invitations à aérer les classes, ne tiennent pas compte d’un
problème fondamental : il ne nous est simplement pas possible de le faire !
Car en effet la majeure partie des bâtiments récents imposent de grandes baies
vitrées que l’on ne peut ouvrir, au mieux, qu’en impostes insuffisantes. La
majorité des bâtiments scolaires sont aujourd’hui pensés et construits selon
des standards créés ou inspirés au sein de différents concours d’architectes
qui tiennent très peu compte des besoins réels de leurs usagers, à commencer
par les élèves. Esthétique lisse, neutre, rompant violemment avec tout l’héritage
et le vocabulaire architectural passés, le mouvement brutaliste, parmi tant d’autres,
est passé par là, et voue aux gémonies une tradition plus que séculaire. Si l’évolution
a du bon, il s’agit également de ne pas tout rejeter le passé , et de continuer
à dialoguer avec lui. Ce qui ne se fait plus aujourd’hui.
Je
pense que votre rôle et votre position vous permettent d’entamer une réflexion
de fond sur cette question, et que vous seriez à même d’enfin remettre en
question, ou au moins interroger, le consensus mou qui s’est imposé sur ce
sujet depuis plusieurs année.
Aussi
je me permets de faire appel à vous pour lancer une réflexion sur cette
problématique, que nombre d’enseignants et d’usager, je le sais, demandent
depuis longtemps.
J’oserais
encore ajouter que la question de l’architecture moderne me soucie depuis bien
longtemps déjà, en tant que citoyen et enseignant, et que j’ai déjà publié un
petit essai à ce sujet il y a quelques années, que je mets volontiers à votre
disposition si vous aviez le temps, l’envie ou l’intérêt de le parcourir, et
que je suis à votre entière disposition si vous vouliez que je mène plus avant
mes réflexions.
En
espérant que vous lirez ce courrier, et en attendant une réponse de votre part,
je vous adresse, Chère Madame, mes plus cordiales salutations.
Richard Tanniger