Lettre
ouverte au Conseil communal d’Echallens
Lausanne, le 10 avril
2018
Mesdames, Messieurs,
Cette lettre pour donner suite à
la découverte que j’ai faite dans la presse régionale du projet de rénovation
et de transformation du site du Château.
Veuillez noter en préliminaire que,
bien qu’actuellement citoyen lausannois, j’ai vécu toute mon enfance et ma
scolarité à Echallens, et notamment dans les écoles du Château ; c’est
donc en qualité d’enfant de la région que je m’adresse à vous.
La Commune d’Echallens, certes,
doit compter avec l’explosion démographique que vit actuellement le
Gros-de-Vaud ; doit compter avec la nécessité d’adapter à celle-ci les
infrastructures nécessaires. Echallens n’est certes plus un petit village de
campagne, et ne peut prétendre à survivre sans tenir compte de ces impératifs.
La rénovation du Château, en
lien avec cette évolution inévitable, est une chose nécessaire et que nul ne
saurait remettre en cause.
Toutefois, le projet proposé, et
que vous avez accepté, à l’unanimité apparemment, est une insulte et une aberration.
Une insulte envers tout un héritage urbanistique et architectural qui a fait le
centre d’Echallens tel que ses habitants en jouissent encore aujourd’hui, dans
une continuité historique harmonieuse et appréciée de beaucoup. Une insulte, et
une aberration, car les constructions que vous proposez obéissent aveuglément à
un mouvement architectural contemporain qui n’est plus remis en question depuis
trop longtemps, et qui obéit à des principes nihilistes et dangereux.
Nihilistes en ceci qu’ils rompent violemment, et sciemment, avec des principes
de constructions millénaires. Des bâtiments lisses, gris, sans aucune
décoration, aux structures géométriques simplistes qui brisent les
configurations environnantes ; des toits plats, et qui de fait ne s’intègrent
en rien aux toitures des bâtiments historiques environnants ; des baies
vitrées qui rompent avec les rapports d’échelles des façades des bâtiments
alentours, et qui imposent un hybride d’aquarium et de bunker à mille lieues de
la construction médiévale voisine (et ce pour n’évoquer que quelques critères).
Car c’est bien ce que vous avez choisi d’imposer à vos concitoyens : des
constructions massives, monolithiques, sans aucune originalité ou créativité,
et qui s’inscrivent dans un courant esthétique qui fait table rase de siècles
de traditions architecturales et urbaines.
Ce projet dénature la substance
historique de site du château, il le nie, le défigure et l’enclot dans un
espace indigent qui fait l’apologie du vide.
C’est une honte que de l’avoir
accepté, un aveu d’allégeance aveugle à la croissance à tout prix, et qui fait
fi de tout un pan de l’histoire. Les générations futures sauront apprécier à sa
triste valeur le choix que vous avez fait, et les procès futurs quant à la
laideur ambiante imposée vous en tiendront, en partie, pour personnellement
responsables.
Croyez bien que si j’en avais le
pouvoir et les moyens, je ferais tout pour m’opposer à ce projet. Je ne peux
malheureusement que faire valoir mon droit à la libre expression, et tenais à
vous faire part de ces quelques réflexions, que je sais partager avec une
majorité hélas trop souvent silencieuse et impuissante. Si d’aventure toutefois
vous vouliez en parler plus longuement, je me tiens plus qu’à votre
disposition.
Avec mes plus amères
salutations,
Richard Tanniger
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire