Le site officiel de la ville consacré à la "Métamorphose" de Lausanne met en avant, entre autres, une dite "démarche participative", qui affirme vouloir tenir compte de la volonté des citadins dans l'élaboration du projet. Une ingénieuse opération de communication fut mise sur pied le printemps dernier, avec exposition de la maquette du projet (pour faire croire à une volonté de transparence sur le déroulement du processus) et demande faite aux visiteurs d'exprimer leurs avis, remarques et doléances (la fameuse "démarche participative"). Nous apprenons le résultat de cette démarche dans le 24Heures du 24-25-26 décembre 2013: "La Municipalité a intégré ces remarques dans son travail. Si elle y apporte des explications, elles n'ont pas donné lieu à des modifications des plans, comme le confirme Pierre Imhof, chef du projet Métamorphose." Une participation citoyenne qu'on rend donc totalement passive, inutile et sans aucun effet, privant ainsi de tout son sens cette fameuse démarche.
Et fidèle à elle-même (ici il faut porter à son crédit une absolue cohérence dans sa politique de démolitions), la Municipalité réaffirme son intention de démolir le stade de la Pontaise même si "elle ne conteste pas la valeur patrimoniale du stade": comme dans trop d'autres affaires, la Municipalité à chaque fois admet la valeur patrimoniale, historique, architecturale, esthétique, que sais-je encore?, des objets à détruire, mais n'en tient aucunement compte dans ses décisions.
Toute l'arrogance et la mauvaise foi de cette politique me semblent ici parfaitement résumées dans ces déclarations...
jeudi 26 décembre 2013
mercredi 4 décembre 2013
Fondamentalisme géométrique, suite...
"In the end, neither Le Corbusier's architecture nor his urbanism bear any relation to Classical solutions. The buildings Le Corbusier fostered might as well have been razor blades, slicing the world to shreds. Though many critics have attacked them as ugly, their fundamental fault is not an aesthetic poverty so much as a structural poverty: a lack of organized complexity, a toxic disconnectedness. Our civilization's task of replacing its architecture and urbanism of disconnectedness with a newly adaptive architecture of connectivity cannot even begin before Le Corbusier's pervasive influence ceases.
There are those who argue that contemporary architecture and urban planning have sinced moved on to new - and even more horrific - typologies. In fact, Le Corbusier's legacy, and that of other early modernists, is everywhere still today. Architectural academia deified him, and continues to present him to impressionable architecture students as a supreme role model: an architectural legend. His ideas have spread into our society's collective mind, distorting and confusing the message of Classical architecture. He bears the responsability of initiating an inhuman approach to the built environment, where adaptation and responsiveness are unneccesary, even contemptible. That provided the fertile ground for present-day architectural and urban insanities."
Nikos Salingaros, "A Theory of architecture", pp. 184-185
There are those who argue that contemporary architecture and urban planning have sinced moved on to new - and even more horrific - typologies. In fact, Le Corbusier's legacy, and that of other early modernists, is everywhere still today. Architectural academia deified him, and continues to present him to impressionable architecture students as a supreme role model: an architectural legend. His ideas have spread into our society's collective mind, distorting and confusing the message of Classical architecture. He bears the responsability of initiating an inhuman approach to the built environment, where adaptation and responsiveness are unneccesary, even contemptible. That provided the fertile ground for present-day architectural and urban insanities."
Nikos Salingaros, "A Theory of architecture", pp. 184-185
jeudi 14 novembre 2013
Glorification du vide...
Le 24heures d'aujourd'hui nous apprend que la revue d'architecture et de design zurichoise a consacré Lausanne "ville la plus dynamique de Suisse romande". Et que voit-on comme illustrations retenues dans le quotidien? Entre autres, une photo d'une partie du nouveau quartier du Rôtillon, un des plus flagrants ratés urbanistiques de Lausanne, aux façades lisses et vides, aux grandes baies vitrées obscènes à force d'être si nues; une photo du Quartier de l'innovation de l'EPFL, bâtiments emblématiques, aux formes simplistes, couleurs fades et fenêtres distribuées de façon quasi aléatoires, dans la droite (!) ligne héritée du refus du Corbusier d'aligner des éléments structurels de façon harmonieuse, emblématiques du refus de l'architecture moderne de tenir compte de l'importance des connexions intimes qui existent entre les différentes échelles et de la complexité des répétitions d'ordre fractal qui organisent les façades des bâtiments antérieurs au séisme esthétique subi depuis le premier quart du vingtième siècle; et sans compter encore la halte CFF de Prilly-Malley, qui n'offre que surfaces lisses, vides, sans aucune décoration et qui obéissent à la dictature des formes géométriques simplistes considérées comme la panacée de toute construction à venir.
Et c'est là qu'est le dynamisme de Lausanne? Son allégeance aveugle à une esthétique moderniste sourde à tout héritage passé et toute faite de nihilisme, et la joie de Messieurs Daniel Brélaz et Olivier Français?
Et que dire encore du parti-pris du photographe de présenter des vues "déshumanisées" de la ville? "Elles font plus de bruit que si elles étaient pleines, laissent une grande liberté d'interprétation": l'abstraction et l'idéalisme aveugle se font rois, les choses et les êtres disparaissent derrière les délires mégalomaniaques des architectes et de leurs ouailles....
Triste, triste nouvelle...
Et c'est là qu'est le dynamisme de Lausanne? Son allégeance aveugle à une esthétique moderniste sourde à tout héritage passé et toute faite de nihilisme, et la joie de Messieurs Daniel Brélaz et Olivier Français?
Et que dire encore du parti-pris du photographe de présenter des vues "déshumanisées" de la ville? "Elles font plus de bruit que si elles étaient pleines, laissent une grande liberté d'interprétation": l'abstraction et l'idéalisme aveugle se font rois, les choses et les êtres disparaissent derrière les délires mégalomaniaques des architectes et de leurs ouailles....
Triste, triste nouvelle...
mercredi 23 octobre 2013
Guerre aux démolisseurs!
"Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait; qu'on la fasse: Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d'un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à ces ignobles spéculateurs que leur intérêt aveugle sur leur honneur; misérables hommes, et si imbéciles, qu'ils ne comprennent même pas qu'ils sont des barbares! Il y a deux choses dans un édifice: son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde; c'est donc dépasser son droit que le détruire."
Victor Hugo, 1825
Victor Hugo, 1825
dimanche 13 octobre 2013
Parution de "L'Arrache-rêves"
J'en parle ici car il y est question d'architecture, tout de même, les illustrations étant signées par Ian Green, architecte anglais, et le texte né sous la plume de votre serviteur, et mettant en scène, entre autres, des enfants plus que névrosés...
Parution hier, donc, de "L'Arrache-rêves", nouvelle fantastique, aux Editions Limitées à Lausanne, et en vente dès ces jours prochains en librairie...
Parution hier, donc, de "L'Arrache-rêves", nouvelle fantastique, aux Editions Limitées à Lausanne, et en vente dès ces jours prochains en librairie...
mercredi 31 juillet 2013
Fantômes sémiotiques... Suite...
Je tombe aujourd'hui sur une publicité pour des appartements de standing en vente par chez nous:
Et je me souviens des Petits hommes, de Seron (Alerte à Eslapion, éd. Dupuis, 1986, pour cette illustration, mais série apparue pour la première fois presque vingt ans plus tôt dans le Journal de Spirou) :
Alors, Seron visionnaire, ou fantômes sémiotiques, tels qu'évoqués précédemment sur ce blog, à l'oeuvre?La fiction était-elle un souvenir du futur, ou le réel imite-t-il cette fiction? Doit-on se réjouir de pouvoir enfin vivre dans des bâtiments qui appartenaient il y a peu au domaine de la SF, ou doit-on s'en inquiéter? La question est ouverte...
Et je me souviens des Petits hommes, de Seron (Alerte à Eslapion, éd. Dupuis, 1986, pour cette illustration, mais série apparue pour la première fois presque vingt ans plus tôt dans le Journal de Spirou) :
Alors, Seron visionnaire, ou fantômes sémiotiques, tels qu'évoqués précédemment sur ce blog, à l'oeuvre?La fiction était-elle un souvenir du futur, ou le réel imite-t-il cette fiction? Doit-on se réjouir de pouvoir enfin vivre dans des bâtiments qui appartenaient il y a peu au domaine de la SF, ou doit-on s'en inquiéter? La question est ouverte...
mercredi 17 juillet 2013
Violence de l'architecture contemporaine: Tschumi et cie...
J'ai
évoqué ici à plusieurs reprises la violence fondamentale à
l’œuvre dans l'architecture contemporaine, son intransigeance et
sa radicalité. On me l'a reproché, sans toutefois me prouver le
contraire. Je vais y revenir donc, mais en attendant, et en guise
d'amuse-bouche, deux citations piquantes lues il y a peu :
« Je
dirais qu'il y a dans l'art, et dans l'architecture, une recherche de
la limite et un plaisir de la destruction. (...) Cette
recherche de l'essence atteint des limites qui sont de l'ordre des
limites de la perception, et qui sont de l'ordre de l'évacuation du
visible. Ce n'est plus l’œil qui permet de jouir, c'est l'esprit.
Carré blanc sur fond blanc, c'est une forme de limite. » Jean
Nouvel, in Jean Baudrillard Jean Nouvel, Les Objets Singuliers,
arléa, Paris, 2012, p. 46 (je souligne)
Outre le
pervers plaisir sadien (que d'ailleurs Tschumi cite plusieur fois)
érigé en principe moteur de cette nouvelle architecture, que dire
de l'évacuation de la pulsion scopique en faveur des délires
éthérés d'un art purement conceptuel, dont on sait qu'il a mille
fois plus d'intérêt dans la description intellectualisée que l'on
peut en faire que dans sa contemplation ou sa confrontation ?
« Tschumi
confesse dans Architecture and Disjunction (page 210) :
« ...mon propre plaisir n'a jamais fait surface en regardant
des constructions, des chefs d’œuvres de l'histoire ou de
l'architecture actuelle, mais plutôt en les démantelant ».
Ses clients se sont-ils donnés la peine de lire cette déclaration ?
Véhicule-t-elle un sentiment approprié de la part de l'architecte
choisi pour un musée situé en face du Parthénon ? En outre,
est-ce une déclaration d'un architecte d'autorité à laquelle les
étudiants, jeunes et influençables, devraient être exposés ?
Tschumi est ici honnête, on ne peut le blâmer : toute critique
éventuelle doit être adressée aux institutions qui ont commandé
ses œuvres et aidé à la propagation de son message. Peut-être que
notre civilisation a atteint le point où elle s'enthousiasme pour
une architecture qui violente la forme au lieu de l'assembler de
manière cohérente. (...) Les bâtiments déconstructivistes ne font
pas l'effort de se connecter et de s'intégrer à leur environnement,
pour la simple et bonne raison qu'ils souhaitent s'en dégager. »
« La
profession architecturale a validé les livres de Tschumi. Les
architectes continuent de les acheter et de les lire, et les
enseignants les recommandent en cours de théorie architecturale à
l'université. Chacun a le droit d'écrire ce qu'il veut, mais quand
les cercles architecturaux professionnels, les journaux
architecturaux , les plus grandes universités, les éditeurs
respectés des monographies architecturales et les institutions
gouvernementales félicitent un architecte sur la base de tels
écrits, alors le système tout entier est responsable. Quand les
choses vont de travers, le poids de la faute incombe directement à
ces institutions. »
Nikos
Salingaros, Anti-architecture et déconstruction,
Umbau-Verlag, 2009, pp. 160/162
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