mercredi 26 mars 2014

Taoua...suite....

Vu et lu dans la brochure officielle:


 
 
Intégration harmonieuse....???  Je m'interroge méchamment....
 
Il faut vraiment que je revoie mon lexique...
 
 
 
 
Cette tour est monstrueusement laide, massive, imposante, ne s'intègre à RIEN, ne fait écho à RIEN de ce qui l'entoure...
J'ai écrit la semaine passée, cette semaine je me contente de publier ces photos....

 


samedi 22 mars 2014

Taoua...


Reçu à peu de jours d'intervalle deux prospectus dans ma boîte à lettres :



« Le 13 avril votez NON » (Mouvement pour la défense de Lausanne)

« OUI le 13 avril à la tour de Beaulieu » (Beaulieu pour Lausanne)





Le débat autour de cette tour devient pénible, car finalement beaucoup trop politisé1 ou (et) simplifié : Les documents que tous les ménages reçoivent par la poste obéissent chacun au même impératif rhétorique : convaincre le citoyen de la justesse et de la légitimité de son point de vue, et ce à n'importe quel prix. Moi-même n'y échappe pas : cet article ne prétend pas être d'une objectivité absolue (mais qui le peut?), et, pour ceux qui, me connaissant, en douteraient encore, je suis opposé à cette tour, et voterai non le 13 avril.

Toutefois, un certain nombre de choses me dérangent, en premier lieu au niveau des illustrations de chacun de ces documents : les partisans de Taoua refusent de reproduire la moindre image dans laquelle la tour révèle son impact réel sur le paysage citadin : Sur la page principale de couverture, le sommet de la tour ne dépasse pas la ligne d'horizon, de même qu'elle ne dépasse pas les bâtiments environnants dans les quatre petites illustrations internes au prospectus : elle apparaît comme n'ayant aucun impact négatif sur son environnement.

Chez ses opposants, elle apparaît par contre en vue de nuit de façon démesurée contre le ciel vide derrière elle, et comme un rectangle noir violemment posé sur le paysage alpin à l'horizon dans les pages intérieures2. Dans les deux cas les illustrations sont grossièrement réduites au propos qu'elles sont censées illustrer.

Ceci mis à part, voici les arguments que j'aimerais apporter aux acteurs du débat, en réponse à ceux qui nous sont exposés dans leurs documents :



Par rapport aux partisans :



  • Panorama : Taoua n'est pas le seul point de vue panoramique offert aux lausannois : existent déjà la tour de Sauvablin, l'esplanade de la cathédrale, et tant d'autres.... Cette tour n'offre rien de nouveau de ce point de vue ; elle ampute au contraire certains d'une vue et d'un ensoleillement certains.
  • Ecole : le besoin en formation de nouveaux infirmiers et infirmières est incontestable. Mais cette tour est loin d'être la seule réponse possible ; fidèle à sa politique de densification, la municipalité ne pourrait-elle pas envisager d'ajouter quelques étages aux bâtiments déjà existants de La Source ? Ce qu'elle tente d'imposer au quartier des Bergières, ne peut-elle le faire sur ce monolithe de verre ?
  • Logements : leur nombre dans cette tour est insignifiant en regard des nécessités démographiques. Le rapport existant entre les surfaces dévolues aux lieux techniques et aux lieux habitables étant dérisoire par rapport à d'autres bâtiments à échelle plus humaine.
  • Emplois : 250 emplois environ.... Certes ces emplois ne sont pas négligeables en ces temps de chômage.... Mais ce relativement petit chiffre a-t-il un poids certain face un bouleversement durable (de l'ordre de plusieurs dizaines, si ce n'est centaines d'années) du paysage lausannois ?
  • Parc public : Ici, l'argument de la préservation des surfaces au sol se désagrège terriblement face à celui de l'ombre portée par la tour, méchamment oublié dans l'argumentaire des partisans de la tour.
  • Ecologie : le standard Minergie, ici encore est proposé comme la panacée, sans aucune remise en question. Minergie est un standard technocratique et bureaucratique parmi tant d'autres... Minergie n'est pas l'absolu de constructions écologiques intelligentes.





Par rapport aux opposants :



  • Densification illusoire : du point de vue de la stricte densification, cette tour est effectivement moins dense, démographiquement parlant, que pourrait l'être un bâtiment de même surface uniquement dévolu à l'habitation. Cet argument me semble irrecevable.
  • Aberration écologique : Nombre de spécialistes s'accordent sur ce point : une tour, notamment sur le point de l'énergie grise nécessaire pour la construire, est une aberration écologique, de même que par rapport à l'énergie nécessaire à son fonctionnement interne.
  • Opération spéculative : Que dire sur ce point ? Ce projet est clairement une opération financière. Ses retombées sur la ville de Lausanne seront sans doute substantielles, et d'un point de vue purement économique on ne peut blamer la municipalité de l'encourager, mais que celle-ci ait au moins la décence de l'assumer jusqu'au bout, sans se cacher derrière d'obscurs arguments hypocrites.
  • échec urbain : Une tour serait une forme architecturale anxiogène, aux dimensions inhumaines. Sans doute la question est-elle mille fois plus complexe...Je trouve par exemple que nombre de tours, à New York par exemple, s'intègrent parfaitement, et ont construit un paysage et un environnement spatial plus qu'intéressants. Toutefois les contextes sont fondamentalement différents, et, finalement, les tours sont sans doute vouées à l'échec, qu'elles soient strictement réservées à des locaux commerciaux ou à des vues plus globales : relisons  Les Monades urbaines  de Silverberg....





J'aimerais finalement aborder un point relevé par Monsieur Antoine Hahne, du bureau Pont 12 à Lausanne, relayé dans le courrier des lecteurs du 24Heures du jeudi 20 mars 2014 :



« De cette démarche émerge le processus créatif qui va donner forme au projet, et non le contraire. Cette démarche s'applique également à Taoua : c'est une tour, mais une tour à Lausanne : un contexte dominé par une architecture des années trente faite de façades en maçonnerie percée. C'est un bâtiment multifonctionnel où se côtoient logements, hôtels, bureaux et services, pas une tour de bureaux d'une city métropolitaine. »



Outre l'émergence de cette tour multifonctionnelle mortifère décrite dans le roman de Silverberg, je m'interroge sur cette affirmation : Le paysage architectural de Lausanne est-il donc réductible à l'esthétique imposée depuis les années 30 ? Que faire alors de tous les témoignages antécédents ? Ont-ils si peu d'importance qu'ils ne puissent plus influencer les constructions actuelles ? Et le contexte architectural de Lausanne est-il vraiment dominé par cette esthétique ? Ou n'est-ce pas plutôt la profession de foi d'un architecte emblématique d'une tendance totalitaire actuelle ?





Bref. Le débat est loin d'être terminé.....






Lausanne, mars 2014



1Et à ce sujet il serait bon que les citoyens votent en fonction de leurs convictions urbanistiques, et non selon leur appartenance politique...

2Malgré mon soutien et mes affinités profondes avec le MDL, je me sens ici obligé d'avouer mon désaccord avec ces méthodes plus que discutables. Je pense que des reproductions neutres des infographies de Taoua seraient suffisamment éloquentes par elles-mêmes pour exposer leur laideur et leur indigence intrinsèques sans user d'artifices graphiques douteux...