http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/11/26/01016-20141126ARTFIG00281-le-linguiste-alain-bentolila-s-eleve-contre-la-fin-de-l-ecriture-manuelle.php#xtor=AL-155-[Facebook]
L'apprentissage de la dactylographie
est évidemment devenu indispensable, de même que de l'usage plus
général des tablettes et ordinateurs. Je suis moi-même, en tant
qu'enseignant spécialisé, le premier à user d'outils informatiques
et techniques divers pour venir en aide à des élèves qui
rencontrent de sérieuses difficultés, de motricité fine notamment,
lors de l'exercice de l'écriture manuelle.
Toutefois l'abandon total de l'usage
du crayon et de la plume entraînerait, il me semble, en écriture
comme en dessin, des simplifications et des appauvrissements
absolument terribles : il n'y a qu'à voir les productions
infographiques simplistes et minimalistes d'architectes qui ne savent
plus dessiner, et ne travaillent plus qu'avec des logiciels dépourvus
de toute créativité et imagination. Les résultats sont affligeants
d'indigence.
Pour en rester à l'écriture, je
pense que ne plus tracer des lettres et des mots qu'avec une machine
induirait un processus de médiatisation qui dissocierait totalement
la pensée du corporel, et tendrait à rendre celui-ci de plus en
plus inutile.
Or nous savons que la mémoire et les
apprentissages se construisent aussi grâce au corps. Si on évacue
celui-ci, on ampute l'être humain de la moitié de son être.
Évacuer l'écriture manuelle, c'est
évacuer toute la composante physique de l'être humain. Car
l'écriture dactylographiée pourrait ainsi n'être qu'une étape.
Dès lors que l'on disposera de logiciels de dictée et de
retranscription écrite de ces dictées suffisamment performants, on
oubliera alors la composante physique et dactylographique de
l'écriture. Il suffira alors de dicter oralement un texte et
celui-ci s'écrira naturellement.7
Et si l'on se permet de délirer
encore un peu plus, on peut sans peine imaginer un moment où la
parole physique deviendra totalement inutile, dès lors qu'un
logiciel pourra rédiger un texte directement par la pensée dictée.
On pensera une phrase et celle-ci s'écrira de façon automatique. On
tombera alors dans un genre d'idéalisme absolu, où la part
physique de l'individu disparaîtra totalement pour ne plus retenir
que sa substance pensante.
Bel idéal, sur le papier (mais
jusqu'à quand gardera-t-on le papier, ou le support physique ?)...
jeudi 27 novembre 2014
dimanche 16 novembre 2014
Métamorphose perverse, suite
Je lis ce soir une interview relative à une étude intitulée "La Fabrique des garçons" (http://www.lesinrocks.com/2014/11/16/actualite/fabrique-garcons-on-eduque-les-garcons-lagressivite-competition-pas-pleurer-11535760/), et en retiens un passage à mettre en lien avec certains sujets abordés dans ces pages:
"L'utopie serait de pouvoir vivre son identité et sa sexualité de la façon la plus librement choisie. Il ne s'agit pas pour nous d'empêcher les garçons de devenir des hommes mais d'empêcher que les plus virils et dominants imposent leur loi à toutes et tous, dans la cour de récréation comme en bas des tours ou dans la rue. Pour cela il nous semble contreproductif de dépenser des sommes considérables à construire des "maisons des hommes" productrices de sexisme et d'homophobie. C'est vrai pour les stades ou les équipements sportifs d'accès libre, pour les "cultures urbaines"; (...)".
L'allégeance aux sports spectacles contribue, on l'a déjà vu, à structurer la société sur le modèle d'une compétitivité violente, presque jamais remise en question par les autorités, et s'appuie en outre sur une construction de la masculinité plus que discutable, inculquée dès le plus jeune âge. A Lausanne pas plus qu'ailleurs on ne tient compte de ces réflexions dans l'évolution urbanistique imposée. Un exemple parmi d'autres:
http://www.24heures.ch/vaud-regions/lausanne-region/temple-football-lausannesport/story/18288671?track
24 Heures a choisi les mots justes: aussi longtemps que la majorité s'agenouillera devant les dieux du stade, la situation ne risque pas de s'améliorer...
"L'utopie serait de pouvoir vivre son identité et sa sexualité de la façon la plus librement choisie. Il ne s'agit pas pour nous d'empêcher les garçons de devenir des hommes mais d'empêcher que les plus virils et dominants imposent leur loi à toutes et tous, dans la cour de récréation comme en bas des tours ou dans la rue. Pour cela il nous semble contreproductif de dépenser des sommes considérables à construire des "maisons des hommes" productrices de sexisme et d'homophobie. C'est vrai pour les stades ou les équipements sportifs d'accès libre, pour les "cultures urbaines"; (...)".
L'allégeance aux sports spectacles contribue, on l'a déjà vu, à structurer la société sur le modèle d'une compétitivité violente, presque jamais remise en question par les autorités, et s'appuie en outre sur une construction de la masculinité plus que discutable, inculquée dès le plus jeune âge. A Lausanne pas plus qu'ailleurs on ne tient compte de ces réflexions dans l'évolution urbanistique imposée. Un exemple parmi d'autres:
http://www.24heures.ch/vaud-regions/lausanne-region/temple-football-lausannesport/story/18288671?track
24 Heures a choisi les mots justes: aussi longtemps que la majorité s'agenouillera devant les dieux du stade, la situation ne risque pas de s'améliorer...
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