dimanche 8 avril 2018

Lettre ouverte au Conseil communal d’Echallens


Lettre ouverte au Conseil communal d’Echallens


Lausanne, le 10 avril 2018


Mesdames, Messieurs,

Cette lettre pour donner suite à la découverte que j’ai faite dans la presse régionale du projet de rénovation et de transformation du site du Château.
Veuillez noter en préliminaire que, bien qu’actuellement citoyen lausannois, j’ai vécu toute mon enfance et ma scolarité à Echallens, et notamment dans les écoles du Château ; c’est donc en qualité d’enfant de la région que je m’adresse à vous.
La Commune d’Echallens, certes, doit compter avec l’explosion démographique que vit actuellement le Gros-de-Vaud ; doit compter avec la nécessité d’adapter à celle-ci les infrastructures nécessaires. Echallens n’est certes plus un petit village de campagne, et ne peut prétendre à survivre sans tenir compte de ces impératifs.
La rénovation du Château, en lien avec cette évolution inévitable, est une chose nécessaire et que nul ne saurait remettre en cause.
Toutefois, le projet proposé, et que vous avez accepté, à l’unanimité apparemment, est une insulte et une aberration. Une insulte envers tout un héritage urbanistique et architectural qui a fait le centre d’Echallens tel que ses habitants en jouissent encore aujourd’hui, dans une continuité historique harmonieuse et appréciée de beaucoup. Une insulte, et une aberration, car les constructions que vous proposez obéissent aveuglément à un mouvement architectural contemporain qui n’est plus remis en question depuis trop longtemps, et qui obéit à des principes nihilistes et dangereux. Nihilistes en ceci qu’ils rompent violemment, et sciemment, avec des principes de constructions millénaires. Des bâtiments lisses, gris, sans aucune décoration, aux structures géométriques simplistes qui brisent les configurations environnantes ; des toits plats, et qui de fait ne s’intègrent en rien aux toitures des bâtiments historiques environnants ; des baies vitrées qui rompent avec les rapports d’échelles des façades des bâtiments alentours, et qui imposent un hybride d’aquarium et de bunker à mille lieues de la construction médiévale voisine (et ce pour n’évoquer que quelques critères). Car c’est bien ce que vous avez choisi d’imposer à vos concitoyens : des constructions massives, monolithiques, sans aucune originalité ou créativité, et qui s’inscrivent dans un courant esthétique qui fait table rase de siècles de traditions architecturales et urbaines.
Ce projet dénature la substance historique de site du château, il le nie, le défigure et l’enclot dans un espace indigent qui fait l’apologie du vide.
C’est une honte que de l’avoir accepté, un aveu d’allégeance aveugle à la croissance à tout prix, et qui fait fi de tout un pan de l’histoire. Les générations futures sauront apprécier à sa triste valeur le choix que vous avez fait, et les procès futurs quant à la laideur ambiante imposée vous en tiendront, en partie, pour personnellement responsables.
Croyez bien que si j’en avais le pouvoir et les moyens, je ferais tout pour m’opposer à ce projet. Je ne peux malheureusement que faire valoir mon droit à la libre expression, et tenais à vous faire part de ces quelques réflexions, que je sais partager avec une majorité hélas trop souvent silencieuse et impuissante. Si d’aventure toutefois vous vouliez en parler plus longuement, je me tiens plus qu’à votre disposition.

Avec mes plus amères salutations,


Richard Tanniger