mardi 16 avril 2013

Révolutions muséales...


Encore, avril 2013, « Sage révolution muséale », Renzo Stroscio

Le supplément au Matin Dimanche du 14 avril 2013 nous présente cinq projets de musées helvétiques, qu'il me semble intéressant de brièvement commenter.
L'auteur commence par les « bâtis bling-bling » qui souvent sont de mise hors de nos frontières. Je ne suis pas, loin s'en faut, fan du « bling-bling », mais peut-être que la Suisse en aurait bien besoin un minimum, pour insuffler un peu de fantaisie dans ses « sages révolutions »...
Le mot d'ordre est donné d'emblée : « motto « épuré et fonctionnel » ». Après presque 100 ans de ravages architecturaux et urbanistiques désolants, l'héritage du Corbusier est toujours proposé au lecteur comme le meilleur du modernisme, dont les « détails sobres, sans fantaisie » sont le « comble de l'élégance ». Depuis quand le manque de fantaisie est-il un gage de qualité et d'élégance ? Sans parler de ce fonctionnalisme imbécile et réducteur dont l'indigence a été prouvée à maintes reprises.
Pour l'extension du Kunsthaus à Zürich, on nous parle d'un « nouvel équilibre entre l'ancien et le nouveau », mais sans dire un mot des bâtiments anciens qui seront allègrement démolis pour permettre au nouveau projet de voir le jour. Étrange équilibre basé sur la destruction du passé, que l'on nous dit en plus « (s'intégrer) de manière optimale dans le tissu urbain » et « cohabiter en douceur ». En quoi une architecture dont l'esthétique est une négation absolue de tout ce qui l'entoure peut-elle être considérée comme « intégrée » ? Et en quoi la violence imposée à l'environnement bâti peut-elle être associée à de la « douceur » ? Que l'on aime ou pas ce genre de bâtiments est un problème, mais que cesse enfin l'imposture ! Que les thuriféraires de ce genre de constructions admettent, assument et revendiquent une fois pour toutes le fait qu'elles sont basées sur une négation absolue de tout le vocabulaire architectural traditionnel sans invoquer cet argument fallacieux et mensonger d'intégration !
Le problème est le même à Lausanne. Le projet « moderne et audacieux » (mais quelle est donc cette audace ? J'en ai déjà parlé sur ce blog...) a paraît-il reçu « une olà majestueuse du jury ». De ce que j'en sais, les choses sont loin d'être aussi simples... mais passons là-dessus. On apprend ensuite que la nouvelle structure « gardera quelques détails d'antan. Deux nefs et une verrière « sauvées » (ici j'apprécie les guillemets) de l'ancien bâtiment des locomotives retrouveront les fastes du passé après une scrupuleuse restauration et seront intégrées au nouvel ensemble ». Ici l'on se retrouve face à la politique lausannoise actuellement en vogue qui, au delà de tous les recensements architecturaux possibles, consiste à considérer que la préservation d'un élément, aussi petit soit-il (morceau de cage d'escaliers, morceau de façade ou autre), suffit, si on le considère comme un symbole ou un infime rappel iconique de ce qu'on s'apprête à détruire, à perpétuer la mémoire du lieu. Et fi de ce qu'on démolit ! L'honneur est sauf ! Les « fastes du passé » ne sont en fait plus que de petites pièces de musée, et au temps pour « la scrupuleuse restauration » !
Que dire encore du « monolithe » prévu à Coire pour 2016, et de l'acoquinement de Genève avec Jean Nouvel, justement nommé « star » de cette nouvelle architecture ?

« Pureté des lignes, économie des formes, les Suisses ne goûtent pas à l'extravagance. Les bâtiments se fondent dans le paysage urbain. (...) C'est aussi ça le renouvellement des villes ! » : Tristesse et indigence ; imposture et utopies dangereuses ! J'espère que la Suisse a autre chose à nous proposer pour son avenir !

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